Bientôt les fêtes de fin d’année… synonymes de relâche professionnelle, de moments où renouer avec le contact humain, le partage et le don.
Quand on y regarde bien, est surtout venu le temps du don financier… Qu’est ce qui fait tourner la petite planète Noël ??? Le fric… rien que le fric… Si vous n’en êtes pas convaincu, c’est que vous n’êtes pas sorti faire vos courses de Noël dans les magasins.
Partout des affiches, des prix, des prétextes pour vous inciter à donner toujours plus à vos proches… sachant que ce faisant, vous donnerez avant-tout au consumérisme.
Ce mois-ci plus particulièrement, mais en règle générale, la société qui se veut généreuse et protectrice, notamment des plus faibles, prône la charité (partage de l’argent), partage de l’amour d’autrui (compassion, amitié), partage sociaux (entr’aide entre voisins, bénévolats, etc).
Si on y regarde de plus près, il n’y a qu’une chose dont non seulement on ne prône pas le partage, mais dont on le bannit ou tout au moins on l’occulte : le partage du sexe.
Il est vrai qu’à première vue, cela ne rapporte rien, ni à l’Etat, ni aux grandes entreprises… excepté les vendeurs de préservatifs. Pire : c’est quasiment la seule activité qui demeure gratuite.
Certes le spectre du SIDA et autres maladies n’a rien arrangé à la chose, mais il est clair que dans notre société, la sexualité, c’est à 2, au sein d’un couple clairement identifié, point barre… et encore, cela n’est que tout récemment qu’on a commencé à admettre que le couple pouvait se constituer de personnes de même sexe. D’ailleurs, si les 3 grandes religions monothéistes sont en désaccord sur beaucoup de choses, il y a un point sur lequel elles s’accordent comme larrons en foire : l’encadrement strict des pratiques sexuelles, en les limitant, au passage, à leurs fonctions procréatrices. Elles ont très peu évolué sur la question en 2000 ans.
Tout cela laisse penser que malgré le fait qu’on n’ait jamais considéré la société comme aussi sexualisée qu’actuellement, le sexe est encore non seulement tabou, mais carrément perçu comme dégradant, d’autant plus avec l’accent porté sur les crimes sexuels, largement mis en avant par rapport aux autres types d’agressions : physiques, meurtres, vols, etc.
L’acte est jugé comme si l’agression comportait un bonus de décadence par rapport aux autres si elle est d’ordre sexuel. On peut d’ailleurs voir que les personnalité publiques, sont plus facilement mises sur la touche suite à une affaire sexuelle (vraie ou fausse) que lorsqu’ils/elles sont impliqué(e)s dans une affaire de drogue, banditisme ou même de scandales financiers.
Bref, le sexe, c’est sale, et cela ne se pratique qu’en couple… et au sein du couple… Hors de question d’aller papillonner ailleurs. Vous êtes mal tombé question partenaire ? Vous vivez le parfait amour mais vous souhaiteriez un peu de variations dans votre vie intime (après tout nous ne sommes plus au début du XX ème siècle… et quand on regarde les statistiques des relations extra-conjugales, on se dit que la limitation au couple semble trop restrictive pour l’humain du XXIème siècle) ? Tant pis pour vous… la solution c’est le divorce, même si les conséquences dépassent largement la faute. Ca rapporte des milliers d’euros aux avocats, et tout autant de TVA à l’Etat… Vous n’imaginez pas qu’on va vous laisser badiner gratuitement non ? Quand bien même cela ferait partie des jeux consentis au sein du couple, cela est tout juste toléré… tant que les pratiques ne font pas trop de bruits.
Et si on n’est pas en couple, comment fait-on ?
La réponse est simple : on ne fait pas ! La religion interdit les pratiques solitaires et on doit reconnaitre à ce niveau qu’elle reste cohérente avec ses valeurs de partage… L’Etat s’en fout et semble considérer que la pratique est largement satisfaisante… au pire, allez sur internet… C’est toujours de la TVA engrangée, entre les abonnements aux sites, les verres et restos payés lors des premières rencontres pour faire connaissance…
C’est oublier que certaines personnes sont dans un état de misère sexuelle et que tous ces moyens ne permettent pas de rencontrer un/une partenaire. Là encore point de salut. Depuis que l’Etat s’est placé en sauveur de la cause féminine, aveuglé par sa quête, la sexualité tarifée est devenue totalement inacceptable. Parce que des femmes sont exploitées et réduites à l’état d’esclaves sexuelles, ce qui est bien sûr inacceptable et intolérable, on considère que l’acte sexuel rémunéré doit être interdit en général dans notre société. On oublie que 10% des prostitués sont des hommes. On refuse également d’admettre que des femmes ont sciemment pris la décision de louer leurs services, parfois très occasionnellement, préférant une activité où elles sont leur propre patron à un excellent tarif horaire plutôt que de se faire exploiter par une multinationale, une quarantaine d’heure par semaine, au salaire minimum légal, permettant à peine de vivre. Il est actuellement socialement toujours plus glorieux de gagner sa vie comme égoutier en pataugeant dans la fange à longueur de journées, en épilant les parties intimes d’autrui ou en curant des ongles jaunis dans un institut de podologie que de boire une coupe de champagne dans un palace avant de s’y allonger une trentaine de minutes contre quelques billets.
L’enfer étant pavé de bonnes intentions, la société préfère assumer un patriarcat moral sur les femmes, leur dictant ce qu’elle leur autorise à faire ou non de leur corps, plutôt qu’accepter de reconnaître qu’une femme puisse souhaiter, sincèrement et de son plein gré, monnayer sa vertu. La société ne se rend pas compte qu’elle aliène la femme en la cantonnant à son éternel statut de pureté virginale et immaculée, surfaite et dépassée…
Cependant, la société a pris conscience il y a peu du grand écart philosophique qu’elle était en train d’effectuer : un grand nombre de personnes handicapées n’ont pas accès à la sexualité. Il est en effet difficile de rencontrer des partenaires lorsqu’on a des difficultés à s’insérer dans la société, se déplacer, communiquer, ou d’une manière générale à rencontrer d’autres personnes. A ces difficultés, s’ajoutent pour d’autres des difficultés à séduire de par la nature même de leur handicap. L’accès à une sexualité satisfaisante est donc pleine d’embûches pour ces personnes. Partant du principe qu’être humain à part entière c’est aussi avoir une vie sexuelle, il est clair que les relations sexuelles tarifées seraient une solution, au moins partielle, pour une partie de cette population en difficulté. Mais quand la société se pose de manière dogmatique en choisissant une cause pour étendard, sans en juger toute la portée, impossible pour elle d’opter pour le compromis, même pour d’autres causes aussi justes soient-elles.
En cette période de fêtes donc, profitez-bien, bonnes gens, amusez-vous, ripaillez, dépensez sans compter… mais en prenant garde à ne point écorner les tabous. Noël c’est la fête des commerçants et des enfants, plus rarement des adultes à qui on fait oublier par quel moyen ils sont devenus parents.
Quant à moi, je vous conseillerai plutôt d’opter pour un partage de plaisirs. N’est-ce pas la bonne période pour s’aimer les uns les autres ? A 2 ou plus, au sein de votre couple ou en dehors, quels que soient le sexe de votre/vos partenaire(s), sa(leur) couleur de peau, ses valeurs morales, choisissez votre liberté sexuelle.
S-F. L.